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9 avril 2006 7 09 /04 /avril /2006 00:00
La filmographie de Sir Alfred Hitchcock (53 films en tant que metteur en scène exactement) recèle de nombreux bijoux. Sueurs Froides (Vertigo pour la version originale) est surement l'un de ceux qui m'ont le plus marqués.

Je crois même qu'il s'agit de la première oeuvre du maître du suspens que j'ai eu l'occasion de voir.

Le film se situe en plein coeur de la période la plus prolifique d'Hitchcock en matière de succès commercial. Le crime était presque parfait (1953), Fenêtre sur cour (1954) et la deuxième version de L'Homme qui en savait trop (1956) ont forgé au bonhomme une solide réputation à Hollywood. Suivront La mort aux trousses (1959), Psychose (1960) et Les Oiseaux (1963) avant le déclin.

Vertigo est l'adaptation de D'entre les morts, un roman français de Pierre Boileau et Thomas Narcejac, également connus pour avoir écrit Celle qui n'était plus, adapté au cinéma sous le titre Les Diaboliques par Henri-Georges Clouzot.


John "Scottie" Ferguson (James Stewart), un ex-policier souffrant de vertiges est chargé par un de ses vieux amis de suivre la femme de ce dernier, Madeleine (Kim Novak) qui n'a visiblement plus toute sa tête. Lors d'une de ses filatures, Scottie assiste à une tentative de suicide de la jeune femme qui se jette dans un fleuve. Il intervient pour la sauver et il en tombe rapidement amoureux. Mais l'idylle est de courte durée car Madeleine saute du sommet d'un clocher, sous les yeux de Scottie, impuissant, paralysé par son vertige.
Quelques mois plus tard, Scottie rencontre Judy (Kim Novak aussi), le sosie parfait de Madeleine qu'il va tenter de modeler à l'image de son amour perdu.

Le terrible clocher de la mort qui fait peur

James Stewart collabore ici pour la quatrième fois avec Alfred Hitchcock (après La Corde, Fenêtre sur cour et L'homme qui en savait trop) et est au diapason avec son personnage de détective traumatisé. L'interprétation de Kim Novak n'est pas en reste avec un double rôle de femme de la haute société et de modeste secrétaire.

Scottie, Madeleine et un baobab


L'intrigue est rondement mené avec une première partie narrant la relation Scottie/Madeleine et mettant en place les multiples éléments pour la suite et une seconde partie marquant l'obsession de Scottie pour Madeleine dont va être victime Judy... c'est pourtant cette obsession poussée à l'extrême qui engendrera indirectement le "réveil" de notre héros et la guérison de ses troubles.

La transition entre les deux parties est marquée par une séquence onirique où l'on assiste au cauchemar d'un Scottie endormi et traumatisé par les épreuves qu'il vient de subir. On y aperçoit divers éléments de l'intrigue (comme le portrait de Carlotta Valdes, grand-mère de Madeleine ayant également connu un destin tragique, présent dès le début du film et principale obsession de la jeune femme). Cette séquence assez spéciale, mèlant réel et animation, est une chose assez inédite pour l'époque.



Une autre technique inédite a également été expérimentée avec succès : celle permettant de traduire le vertige de Scottie en vue subjective. Il s'agit en fait d'un travelling arrière couplé d'un zoom avant, donnant un effet de déformation du décor assez convaincant. Cette technique a été reprise de nombreuses fois par divers metteurs en scène de renom comme Sam Raimi (Evil Dead, Darkman, Mort ou Vif,...), Steven Spielberg (Les dents de la mer, E.T., ...), Peter Jackson (Le Seigneur des anneaux), Max Pécas (non là j'déconne), ....

Notons aussi le score de Bernard Herrmann, compositeur attitré de Tonton Alfred jusqu'au clash survenu lors du tournage du Rideau Déchiré(1966), qui signe là ses partitions les plus célèbres aux côtés de celles de L'Homme qui en savait trop, La mort aux trousses et bien entendu Psychose.


Portrait de Carlotta Valdes, qui visiblement n'a aucun lien de parenté avec Carlos Patato Valdes


Sueurs Froides est une oeuvre majeure du père Hitch, qui influença bon nombre de réalisateurs. A commencé par Brian de Palma, qui n'a jamais caché son admiration pour Hitchcock, et son film Obsession (1975) dont la trame a de forte ressemblance avec l'oeuvre qui nous interresse ici, et pour appuyer la référence, la musique est signée Bernard
Herrmann.
Citons ensuite L'Armée des 12 Singes de Terry Gilliam dans lequel James Cole (Bruce Willis) et le Dr Railly (Madeleine Stowe... Madeleine... tiens tiens) se réfugient dans un cinéma où l'on projette Vertigo. La référence ne s'arrête pas là car dans la même séquence, Katherine Railly se déguise en blonde, sous les yeux éblouit de Cole qui voit là l'incarnation de la femme qui hante son rêve récurrent depuis son enfance.
On retrouve d'autres références flagrantes chez David Lynch dont plusieurs films jouent sur une dualité blonde/brune : Blue Velvet (la jeune lycéenne ingénue incarnée par Laura Dern et la chanteuse dévergondée jouée par Isabella Rosselini), Lost Highway,(Renée la brune et Alice la blonde, toutes deux campés par Patricia Arquette), Mulholland Drive (ou la dualité se joue sur deux niveaux : Rita / Betty puis Camilla / Diane, respectivement joués par Laura Harring et Naomi Watts) et Eraserhead (Henry Spencer fantasme sur une blondinette vivant dans son radiateur et sur sa voisine, une brune délurée).
Lynch pousse la référence encore plus loin dans Twin Peaks (la série) où Sheryl Lee incarne Laura Palmer et sa cousine Madeleine Ferguson (double référence dans le nom et le prénom renvoyant directement aux personnages d'Hitchcock).

L'incontournable caméo d'Hitchcock

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commentaires

S
Ce n'est pas Madeleine et un baobab...c'est un épicéa. D'ailleurs, sa structure en spirale (voir séquence où l'on voit a coupe et la chronologie) joue un rôle dans l'intrigue visuelle présente tout au long du film...
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F
C'est à peu près le seul que j'ai vu, à mon grand regret. A mon grand regret parce que je n'en ai vu qu'un :)
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L
Une séance de rattrapage s'impose les gars ;)Car il y a vraiment des perles dans la filmographie de Monsieur Hitch :D
T
je dois bien avouer que je n'ai jamais vu un seul Hitchcok !
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