Donnie Darko est un adolescent intelligent mais sujet à des troubles psychologiques se traduisant pas des absences, des crises de somnambulisme et un comportement instable.
Une nuit, il est réveillé par un lapin géant, prénommé Frank, qui le guide hors de sa chambre et lui annonce que la fin du monde est prévue dans exactement 28 jours 6 heures 42 minutes et 6 secondes (à mon avis il a du bouffer l'horloge parlante le Frank), soit durant la nuit d'Halloween.
Le lendemain matin, Donnie reprend conscience au milieu d'un terrain de golf et en rentrant chez lui, il constate qu'un réacteur d'avion s'est écrasé sur sa maison, pile poil dans sa chambre et qu'il a échappé de peu à la mort.
Dès lors, il va vivre plusieurs événements inhabituels, qui vont perturber la petit bourgade résidentielle, jusqu'à la date fatidique annoncée par Frank.
Mais que va-t-il vraiment se passer à l'issu de cette date ?
Qui est Frank ?
D'où sort ce réacteur qui ne semble provenir d'aucun avion en service ?
Et ce gars tout bizarre en survet' rouge ?
Quel est le rôle de Grand-Mère La Mort, la vieille frappadingue du village, dans tout ?
Et celui de Cherita, cette lycéenne chinoise introvertie ?
La plupart des ses questions ne trouveront probablement pas de réponses directes car l'intrigue de Donnie Darko n'est pas des plus simples. On pense inévitablement au cinéma de David Lynch... enfin essentiellement dans la forme.
Car contrairement à Lynch qui explore le plus souvent l'inconscient de ses personnages principaux (Eraserhead, Lost Highway, Twin Peaks ou encore Mulholland Drive), Richard Kelly inclu en filigrane de nombreux codes issus de la science-fiction (voyage dans le temps, réalité alternative, vortex, théorie du chaos, ...), cependant loin d'être omniprésents (au premier abord, on pense avoir affaire à une sorte de teen-movie dramatique) mais utiles pour renouer toutes les ficelles de l'intrigue.
Pour son premier film, le jeune Richard Kelly a su s'entourer de seconds rôles loin d'être inconnus : Drew Barrymore (également productrice du film) joue une professeur de lettres anti-conformiste, Noah Wyle (Dr Carter dans la série Urgences) tiens le rôle du professeur de physique qui guidera Donnie dans sa quête, Patrick Swayze qui ose prendre des risques dans la peau d'un personnage pas très net, James Duval, égérie de Gregg Araki (Totaly Fucked Up, The Doom Generation, Nowhere, mais aussi Independance Day de Roland Emerich), revêt ici le costume de lapin du mystérieux Frank, Katharine Ross (Le Lauréat, Butch Cassidy et Le Kid, ...) joue la psy de Donnie,
Jake Gyllenhaal (Le jour d'après, Jarhead, Le secret de Brokeback Mountain) tiens ici son premier grand rôle et joue à merveille l'adolescent perturbé qu'est Donnie Darko. A ses côtés, Maggie Gyllenhaal, sa soeur à la ville, également soeur de Donnie dans le film.
Vous vous en doutez, le film est assez unique en son genre. La narration est lente mais suffisant envoutante pour coller le spéctateur à son siège jusqu'au dénouement.
Richard Kelly nous entraîne en plein coeur de la vie de la famille Darko et de son entourage, dans une petite commune des Etats-Unis. Durant sa quête initiatique, Donnie trouvera l'amour dans les bras de Gretchen, sa nouvelle camarade de classe avec qui il ira même voir Evil Dead de Sam Raimi durant une séquence mémorable, ce dernier ayant cédé les droits de son film gratuitement après avoir lu le scénario époustouflant de Kelly.
- Et toi ? Pourquoi porte-tu ce costume ridicule d'homme ?"
L'action est chronologiquement située à la fin de l'ère Reagan, durant la campagne présidentielle de Michael Dukakis et de George Bush Sr. (ce qui donne l'occasion d'assister à des débats politiques durant les repas de famille). De ce fait, le film est à l'image de l'époque qu'il dépeint et dégage une certaine nostalgie du cinéma américain typique des années 80. Mais tout ça n'est que la face cachée de l'iceberg car Donnie Darko baigne dans une ambiance contrastée mélant humour (voir les dialogues sur la vie sexuelle des Schtroumpfs), mystère (Frank, Cherita, Grand-Mère La Mort, le "fluide", ...) et psychologie.
En résumé un véritable coup de maître de Richard Kelly, qui depuis a signé le scénario de Domino de Tony Scott ainsi que sa deuxième réalisation, le très attendu Southland Tales (prévu le 20 décembre sur nos écrans), en compétition à Cannes et dont les premiers échos sont plus que positifs.
Notons aussi la fabuleuse bande original mélant standards des années 80 (INXS, Duran Duran, Tears For Fears, ...) aux compositions de Michael Andrews.
Je citerais la fabuleuse reprise de Mad World de Tears For Fears, transcendée par le piano d'Andrewsi et nterprétée par Gary Jules, accompagnant la fameuse séquence finale de fondues enchaînées sur tous les personnages du film. Sans trop en dire, chacun d'entre eux arrive à exprimer son sentiment sur les événements précédents sans dire un seul mot. La voix de Jules transporte le spectateur et parvient à lui faire ressentir les émotions visibles à l'écran... C'est à l'issu de ce genre de scène réussie qu'on se dit "wouahou, j'ai rien compris mais qu'est-ce que c'était bien !".
Justement, si vous avez du mal à rassembler les pièces du puzzle, je vous conseille fortement le DVD. En effet, Richard Kelly y glisse plusieurs pistes et indices pour interpréter son film à travers le commentaire audio et les scènes coupées... et vous aurez même droit en bonus à l'hilarante vidéo de Jim Cunningham (Patrick Swayze) : Maîtrisez votre peur.